L´ancêtre de la CIA, qui opérait en Europe depuis la Suisse, était informé sur le sort que les Nazis réservaient aux juifs d’Italie en 1943. La confirmation se trouve dans les 400 000 pages d´archives publiées à Washington.

 

Les renseignements dont les Américains disposaient provenaient de deux sources. D’une part, les messages allemands décodés par les Britanniques et transmis à Washington. D’autre part, les renseignements fournis par des responsables allemands à Allan Dulles, le représentant en Suisse du Bureau des Services Stratégiques, l’ancêtre de la CIA.

 

 

Allen Welsh Dulles, né le à Watertown (New York) et mort le à Washington, est un avocat, diplomate et personnalité du monde des renseignements américaine, premier directeur civil de la Central Intelligence Agency. En fonction du au

 

Les États-Unis ont enrôlé plus d’un millier d’anciens nazis tels que von Bolschwing, selon une enquête menée par une équipe d’experts habilités à fouiller les archives de la CIA et du FBI au titre du Freedom of Information Act. Le chiffre est bien plus élevé que les estimations avancées jusqu’ici. Il lève un coin du voile sur la stratégie décidée par deux influents dirigeants américains dans l’immédiat après-guerre: John Edgar Hoover, omniscient patron du FBI, et Allen Dulles, chef de la toute nouvelle CIA.

Allan Dulles, que le Président Eisenhower choisira plus tard pour diriger l’Agence Centrale de Renseignements, recevait dans son bureau suisse les visites de ses informateurs, notamment le Général SS Karl Wolff et Fritz Kolbe, un haut fonctionnaire du Ministère allemand des Affaires Etrangères.

Les archives rendues publiques révèlent qu’à la fin de l’été 1943, ces sources faisaient état d’informations concordantes sur la prochaine élimination des juifs d’Italie. Qui, après le renversement de Mussolini et l’occupation allemande, étaient à la merci d’Hitler. Le 16 octobre 1943, la déportation des Juifs italiens vers les camps nazis commençait.

Certains historiens font valoir que les Britanniques et les Américains n’ont rien fait pour arrêter l’horreur parce qu’ils ne voulaient pas exposer des opérations d’espionnage et de décryptage essentielles à la victoire. Mais ces mêmes experts reconnaissent que la thèse généralement retenue, selon laquelle les Alliés n’étaient pas au courant de l’Holocauste au moment où il se déroulait, doit désormais être revisée.

 

Allen Dulles a rencontré les principaux figurants de la politique mondiale du XXe siècle.

Il connaissait notamment Adolf Hitler, qu’il avait rencontré pour la première fois le 4 janvier 1932 dans la villa du banquier Kurt von Schröder à Cologne. Ils avaient alors évoqué le financement du parti NSDAP, qui était en situation difficile et pliait sous les dettes.

Hitler avait obtenu l’argent nécessaire et, son chemin jusqu’à l’Olympe politique étant dégagé, avait pris le pouvoir en Allemagne dès l’année suivante. Allen Dulles et son frère aîné, qui avait également assisté à la réunion, étaient loin d’être étrangers à cette victoire. Les Américains avaient alors commencé à fournir du pétrole aux nazis.

Par la suite, l’agent américain parlait d’Hitler et de Benito Mussolini avec beaucoup de respect, les qualifiant même d’«hommes merveilleux».

Ce dernier a entretenu une collaboration étroite avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale: il sera notamment l’architecte de l’opération Sunrise — les négociations secrètes avec l’Allemagne concernant le retrait des forces du nord de l’Italie. L’URSS craignait particulièrement une paix séparée des nazis avec les États-Unis et, quand il a pris connaissance de ces contacts, Joseph Staline était hors de lui.

Allen Dulles est considéré comme le père de la CIA: c’est sous sa direction que l’agence a acquis la forme, la force et les capacités qui font trembler le reste du monde aujourd’hui.

Dans son travail, Dulles avait pour objectif de diviser les ethnies et les groupes sociaux, de faire perdre les traditions et les valeurs morales de la société visée. Bref, la corruption idéologique. Une chose est sûre: Allen Dulles a lancé la guerre de l’information contre l’URSS bien avant qu’il ne devienne directeur de la CIA. Pendant la réunion du Conseil des relations internationales en automne 1945, il avait notamment déclaré: «En semant le chaos en Union soviétique, nous substituerons furtivement leurs valeurs par des fausses en forçant la population à croire en ces fausses valeurs.»

Qu’importent les «défaillances morales»

Von Bolschwing, avec son épais carnet d’adresses et ses liens étroits avec Richard Gehlen, futur patron des services secrets de la République fédérale d’Allemagne née en 1949, leur sera d’un précieux concours. Qu’importent les «défaillances morales» de ces hommes durant la guerre, comme le souligne une note officielle des années 1950 évoquée par le New York Times.

Jusqu’en 1969, la vie souriait à l’ancien aide de camp d’Eichmann, embauché par TCI, une firme de high-tech de Palo Alto, terreau de la future Silicon Valley, et peu disert avec ses collègues sur sa «vie d’avant». Et puis TCI met la clé sous la porte, von Bolschwing fait faillite, tandis que sa femme souffrante met fin à ses jours en 1978. Les enquêteurs du département de la Justice s’en mêlent: ayant découvert par hasard ses responsabilités dans le massacre de Juifs roumains en 1940-1941, ils lui font avouer son appartenance à la SS, obtenant la révocation de sa nationalité américaine juste avant sa mort en 1982, à l’âge de 72 ans. «Il n’aurait jamais dû être admis sur le territoire américain, car il ne satisfaisait pas aux valeurs de notre pays», concède son propre fils, Gus von Bolschwing, âgé de 75 ans.

L’année précédente, le FBI avait pourtant refusé de collaborer avec la justice dans seize affaires similaires: les suspects émargeaient tous comme informateurs, cinq étant encore en activité. L’omerta fédérale se poursuit: en 1994, un avocat de la CIA force des juges à abandonner les poursuites à l’encontre d’Aleksandras Lileikis, ancien nazi établi à Boston et impliqué dans le meurtre de 70.000 Juifs du ghetto de Vilnius (Lituanie). Finalement extradé, il mourra dans son lit en 2000 à 93 ans, avant le terme de son procès.

Les archives américaines ont-elles dévoilé tous leurs secrets? «Nous ne saurons probablement jamais le nombre exact de nazis employés par les services de renseignements, élude Norman Goda, historien à l’université de Floride, à Miami, cité par le New York Times. Beaucoup de documents restent classifiés.» Trop sensibles, soixante-dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et le début d’une autre, froide celle-là, contre l’Union soviétique. Sans doute parce que cette dernière n’est pas entièrement terminée.

 

Au cœur de ces embauches particulières dans les années 1950, deux hommes: Allen Dulles et John Edgar Hoover, respectivement patrons de la CIA et du FBI. Selon des documents d’archive, le premier pensait que «les nazis modérés» pouvaient être «utiles» aux Etats-Unis, et le second a personnellement approuvé l’emploi de certains anciens criminels de guerre.

On savait depuis longtemps que les États-Unis ont employé après-guerre d’anciens nazis pour en faire des espions, dirigés contre l’URSS pendant les décennies de la guerre froide. La disparition au fil du temps de cette génération et l’ouverture correspondante des archives permet aujourd’hui aux historiens de découvrir les détails de cette politique. Ainsi un livre de l’historien américain Eric Lichtblau intitulé Les voisins nazis : comment les États-Unis sont devenus un refuge pour les hommes d’Hitler montre comment le FBI et la CIA ont payé et protégé plusieurs milliers d’anciens nazis avec lesquels les dirigeants américains partageaient l’anticommunisme, voire l’antisémitisme.

Cette politique a été initiée par Allen Dulles, futur directeur de la CIA, qui a rencontré à cet effet en Suisse en 1945, avant même la fin de la guerre, le général SS Wolff, chef d’état-major de Himmler, en qui il voyait un nazi « modéré ». Le général Patton, qui a commandé les troupes d’occupation en Allemagne après la reddition des nazis, écrivait alors dans son journal intime que les juifs sont « pires que des humains » et qu’« ils n’ont pas de respect pour la dignité humaine ».

En conséquence, des nazis ont été relogés avec discrétion aux USA avec leur famille, à l’époque maccarthyste. Les Américains soupçonnés de communisme, eux, étaient alors traqués, perdaient leur travail et leur logement, et même pour certains la liberté et la vie, comme les époux Rosenberg, des scientifiques exécutés pour espionnage au profit de l’URSS en 1953.

La CIA a rémunéré un officier SS, Otto von Bolschwing, bras droit d’Adolf Eichmann qui avait dirigé le génocide de millions de juifs. Il fut relogé incognito à New York et protégé des agents d’Israël, au moment où ces derniers capturaient en Argentine son compère Eichmann, avant de le juger et de l’exécuter en 1962 à Jérusalem.

Jusqu’en 1994, la CIA a essayé de bloquer la mise en cause d’un autre nazi protégé pendant quarante ans, Aleksandras Lileikis, dont le dossier mentionnait qu’avec la Gestapo il avait participé à l’exécution à la mitrailleuse de 60 000 juifs de Lituanie.

Aujourd’hui, tout voyageur se rendant aux USA doit encore remplir un formulaire afin de déclarer le cas échéant s’il a, entre 1933 et 1945, « été d’une façon ou d’une autre impliqué dans des persécutions en rapport avec l’Allemagne nazie ou ses alliés ». C’est non seulement ridicule, c’est aussi un écoeurant mensonge de la part des autorités du prétendu « pays de la liberté ».

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